Il y a le drame noué entre trois personnages sur un navire baleinier en 1840 : un capitaine, un curé et une jeune femme. Il y a la productivité, le capitalisme et la soif de puissance. Mais il y a surtout les effets de ce productivisme : la baleine mise en morceaux, bientôt réduite en autant de barils d'huile... Jamais on n'aura vu d'aussi près les immenses abats de l'animal, jamais il ne nous aura été donné d'assister en privé au découpage systématique d'un dieu marin anéanti...
Rongé jusqu'à la cécité par la vérole, le commandant Masquelier dirige toujours son navire baleinier Le Belespoir. Et c'est toujours avec despotisme qu'il mène son équipage à la poursuite de sa lubie perverse : le spermaceti, cette matière précieuse extraite des dépouilles de cachalots qui lui permet de conserver sa virilité. Ses hommes peuvent-ils continuer à suivre aveuglément ce dément à l'agonie ? Tandis que l'abbé de bord, Levasseur, tente d'arracher la jeune Jocelyn à l'influence néfaste qui règne à bord, c'est l'hystérie collective qui se dessine...Chaque image est une expérience intense. Entre mers démontées et scènes d'équarrissage, Michel Durand délivre une vision psychotique et iconoclaste de ces abattoirs marins du XIXe siècle. Voici la deuxième et dernière partie d'une plongée dans le quotidien infernal de ces forçats au service de la révolution industrielle...Le premier tome a reçu le Prix Découverte au festival de la BD d'Ajaccio 2013.